Vaudreuil Pierre de Rigaud, marquis de Vaudreuil, a 61 ans en 1759. Il est gouverneur de la Nouvelle-France et le premier homme né ici à occuper ce poste prestigieux. Contrairement à plusieurs Français qui viennent ici par obligation et s'empressent de retourner en France leur devoir accompli, Vaudreuil est Canadien d'abord. Son pays et son monde sont ici. Il ne s'entend pas du tout avec le général Montcalm. Il trouve les startégies de ce dernier trop passives. La destruction de Québec et des villages avoisinants lui brise le coeur, c'est son pays qu'il voit s'envoler en flammes. |
Montcalm Âgé de 47 ans, le marquis Louis-Joseph de Montcalm est seigneur de Saint-Véran, de Candiac, de Tournemine, de Vestric, de Saint-Julien et d'Arpaon et baron de Gabriac. Bref, un parfait aristocrate français. Montcalm ne s'entend pas du tout avec le gouverneur Vaudreuil qu'il trouve «trop Canadien» à son goût. Dès son arrivée à Québec, Montcalm commence à comploter dans le dos du gouverneur dont il convoite le poste, tout en rêvant à un retour rapide en France. Dans ses premiers rapports, il accuse Vaudreuil de ne s'intéresser qu'aux coloniaux. De plus, les deux hommes sont complètement incapables de s'entendre sur une stratégie à suivre pour défendre la ville. L'aide de camp de Montcalm, Louis-Antoine de Bougainville, considère toutefois son supérieur comme un vrai héros. |
Wolfe James Wolfe a 32 ans en 1759. Il est originaire du Kent en Angleterre. Horace Walpole, un écrivain du XVIIIe siècle, le décrit comme un homme insignifiant, tout à fait dépourvu d'humour et extrêmement affecté, arrogant et imbu de son importance. Une chose est sûre, Wolfe fait preuve de beaucoup de cruauté à l'égard des habitants francophones. En 1757, ayant reçu l'ordre de détruire les villages acadiens situés le long du golfe du Saint-Laurent il ordonna «que tout fût brûlé.» Il écrivit lui-même à Amherst qu'il avait «fait beaucoup de mal et répandu la terreur des armes de sa Majesté dans toute l'étendue du golfe, mais sans rien rajouter à sa réputation.» En 1758, c'est au tour de la péninsule de la Gaspésie d'être ravagée. Pour Québec, Wolfe a un but précis: conquérir la ville par tous les moyens ou la laisser en ruines. |
Ancien Canadien en raquettes |
Les gens d'ici sont exaspérés par l'inaction de Montcalm. Ils voient leur pays s'envoler en fumée pendant que ces Français restent assis dans leurs tranchées à attendre. En fait, les Français de l'époque considéraient les Canadiens comme des êtres appartenant à une nation différente de la leur. Un haut responsable exaspéré avait un jour déclaré: «Pour les Canadiens, le deuxième péché véniel consiste à être Français!» Les Canadiens de leur côté, en avait assez de l'arrogance de leurs maîtres français, ne se voyant confier que des tâches sans importance et des rôles subalternes. Certains observateurs français prédisaient même qu'un jour viendrait ou de nouveaux états naîtraient sur ces vastes territoires du Nouveau Monde comme ce sera le cas quelques années plus tard pour les États-Unis. Malheureusement, les événements de 1759 vinrent mettre un terme à cette évolution normale qu'aurait pu connaître le Canada français. |
À cinq heures le débarquement a lieu et Wolfe supervise l'opération en personne. Montcalm n'atteit Québec que vers sept heures vingt pour constater que les Anglais sont maintenant sur les Plaines d'Abraham et se préparent au combat. Les tuniques rouges sont partout. Montcalm réunit son armée à la hâte. Les soldats français, les miliciens canadiens et leurs alliés indiens traversent bientôt la ville, tambours battants, en direction des Plaines. Peu après neuf heures, Montcalm a réuni quatre mille cinq cents hommes. Des tirailleurs canadiens et indiens, cachés dans les buissons, ouvrent le feu sur l'armée anglaise, immobile. |
Bataille des Plaines d'Abraham |
Mort de Wolfe |
À dix heures vingt-quatre, dissimulé derrière un buisson, un tirailleur canadien vise et tire. Wolfe chancelle et s'écroule, atteint mortellement à la poitrine. Vers onze heures, Montcalm est à l'entrée de la porte Saint-Louis où il tente de calmer ses troupes. Comme il franchit la porte, il est atteint de deux balles, coup sur coup. Il rend l'âme le lendemain, après une longue agonie. Le 18 septembre, Ramesay signe la capitulation de la ville. Dès lors, les quinze mille habitants répartis entre Québec et Gaspé, vivant dans une ville et cinquante-neuf villages, paroisses et seigneuries, deviennent sujets de la couronne d'Angleterre. La France à qui ils avaient été fidèles les a abandonnés. |
Lévis à Sainte-Foy |
Sainte-Foy: dernière victoire française en Amérique En 1760, le chevalier de Lévis, arrivé de Montréal, attaque les Anglais à son tour et les défait à Sainte-Foy. Le siège de Québec recommence, mais cette fois-ci avec les Français à l'extérieur des murs. Les deux armées attendent désespérément des renforts, mais ce sont les Anglais qui en reçoivent. Lévis est alors obligé de se replier sur Montréal. La France n'a envoyé aucun renfort et les Canadiens, abandonnés et trahis, refusent de prendre les armes. |
Lorsque Louis XV apprend la capitulation de la Nouvelle-France, il n'en revient pas. Ce n'est pas qu'il soit triste d'avoir perdu la colonie, pas du tout. Il ne se préoccupe aucunement du sort des Canadiens, pourtant tous d'origine française. Les Anglais peuvent faire ce qu'ils veulent de la population civile de la colonie, le roi n'est pas du tout intéressé. Ce qui le bouleverse c'est que son armée, la plus respectée d'Europe, a capitulé sans recevoir les honneurs de la guerre. Quelle honte! Pour lui, c'est pire que la perte d'un empire. Quelqu'un doit donc servir de bouc émissaire, et il n'est pas question que ce soit un officier supérieur de l'armée française! |
Louis XV |